Transquadra - Yolo - "You Only Live Once"

« Bonjour à tous, bonjour à toutes,


Voici quelque news de Yolo et de son équipage : tout va toujours très bien à bord, nous sommes encore à 98 %. Hier je vous aurais fait un message en vous parlant de notre petit cocon Jeanneau au milieu de l’Atlantique, on se sentait réellement tranquille, la mer belle, vent léger mais régulier, le pilote rendait tant bien que mal quelque services et nous laissait un peu de répit pour profiter de cette glisse paisible. On se sentait très loin de tous les soucis quotidiens que vous et nous pouvons avoir sur terre, très loin du climat mondiale de haine, donc nous nous sentions protégés dans notre petit cocon.


Nous avions retrouvé Léon et son équipage, nous étions donc entre amis bien connus car toute la saison nautique nous avons côtoyé les plans d'eau ensemble, jamais très loin l’un de l'autre. Nous lui revenions dessus gentiment mais surement ce qui suffisait à notre bonheur. Il persistait le classique coup d'accorLéon avec les petits grains de la nuit. Notre Léon nous a faussé compagnie on ne sait pas trop comment, plus vu ni feux ni AIS, il faut dire que notre AIS porte peu (ah si, il porte des soucis chronique à l’informatique.. mais ne rentrons pas ses considérations..) on s'était retrouvé au milieu de l’Atlantique, on se perdait de vu.. On se retrouverait plus tard, plus loin...


Eh bien oui, ce matin à horizon Léon! alors on continue notre bonhomme de chemin maritime. Les soucis ont commencé assez tôt ce matin, exceptionnellement nous les mettons sur le compte des voiles.


JF m’appelle : le mousqueton d'écoute de spi a lâché ! le spi battait, retenu par la drisse et le bras dans le tangon, décision d’affaler en allant, auparavant, clipser une écoute au point d'amure afin d'amener le spi sous la GV, et on le rentre tranquillement, le soucis : les sangles attachant l’anneau en inox sont détruites, l'anneau est dans le mousqueton...pas de problème, on met l’autre spi et c’est reparti. Moins de 10 minutes pour gérer l’ensemble de ce dossier, pour la réparation on verra plus tard.


Hier nous avions trouvé sur le pont une petite vis, étrange, nous avions cherché d’où elle pouvait venir mais vraiment on ne voyait pas. Dans la nuit j’ai eu une idée : un boitier de latte il n’y avait que ça pour avoir une petite vis de cette taille, eh oui, ce matin après l'empannage pour enfin faire route directe vers la Martinique nous avons vu la latte 2 de GV dépasser le long du mat, encore un petit soucis, impossible d’affaler car la latte aurait buttée contre les barres de flèche. Nouveau défis matinal, je réveille JF avec la liste des bonnes nouvelles : on avait trouvé d’où venait la vis, on avait retrouvé Léon, et on ne s'était pas éloignés dans la nuit, on marchait très correctement, et on avait un atelier escalade pour commencer la matinée. Un peu de sport pour se mettre en jambe. Montée rapide, récupération de la latte et descente express, faut dire que ça bouge la haut !, affaire rondement menée, nous pouvions passer à l’atelier couture, 2 heures de job ! Faire des trous dans un renfort de point d’écoute de spi n’est pas chose facile à bord. J’ai chauffé une aiguille de couture et fait une cinquantaine de trous, puis couture à la paumelle. Et voilà à nouveau tout est au top, pour la latte on laisse tomber au portant ça ne gêne pas et ça n’abime pas la voile en appui sur les haubans.


Maintenant, l’autre monde : jusque-là nous naviguions sur la mer bien bleu, et depuis hier, à environ 1000 miles de l’arrivée, nous avons changé d’élément, certes il persiste une quantité suffisante d’eau, mais sont apparus les algues, et pas quelques-unes, des tapis d’algues, parfois de plus de 20 m² ! très souvent les algues sont alignées en paquets et forment de grandes lignes à peine discontinues, espacées d’une centaine de mètres.. Et nous nous devons les traverser en biais en essayant de passer dans les pointillés. Imaginez que vous êtes sur une autoroute avec de nombreuses voies et que vous vouliez passer de la voie de gauche à la voie de droite sans toucher les segments peints en blancs sur la route. C'est ce qu’on vit depuis 24 h et c’est épuisant, souvent on touche les algues, même des petits paquets et elles se coincent dans la quille ou dans les safrans. Nous passons notre temps à slalomer et à enlever les algues avec notre canne à algues faite par mon ami Donaig la veille du départ, une merveille d'efficacité, et un bout avec des nœuds pour les algues de la quille. Un job à plein temps, il y a presque 100 bateaux, on navigue 24/24, avec les 35 heures, les récups les RTT.. faites un calcul et donnez la réponse en haut lieu ça peut aider pour le chômage ??


Ces algues si elles ne nous faisaient pas ch... à ce point, seraient presque jolies, de couleurs rousses, elles pourraient ressembler à des petits buis à l’automne. On remarque qu’elles viennent chercher la lumière en surface et blanchissent. Il parait qu’il y en a 100 fois plus en 10 ans !, je crois que c'est ma dernière transat !! au moins sans jardinier.


Le souci va être la nuit, on nettoiera automatiquement vu le nombre de grandes plaques et ce sera la galère et une grosse perte de temps.


A part ça il reste environ 4 jours à ratisser la mer. On a en stock des vidéos des différents ateliers bricolage, des algues, de la beauté de la mer etc… et plein d’images dans la tête.


A bord de Yolo, You Only Live Once


Philippe et Jean François »

JEANNEAU